Le secrétaire général des Nations unies a averti lundi que l’humanité n’était « qu’un malentendu, une erreur de calcul loin de l’anéantissement nucléaire », citant la guerre en Ukraine parmi les conflits conduisant le risque à un niveau jamais vu depuis le plus fort de la guerre froide.
« Tout cela à un moment où les risques de prolifération augmentent et où les garde-fous pour empêcher l’escalade s’affaiblissent », a déclaré le responsable, António Guterres. « Et lorsque les crises – avec des nuances nucléaires – s’enveniment du Moyen-Orient et de la péninsule coréenne à l’invasion de l’Ukraine par la Russie. »
M. Guterres s’exprimait lors de la séance d’ouverture d’une conférence au siège de l’ONU à New York sur le respect et la sécurisation du Traité mondial sur la non-prolifération des armes nucléaires, vieux de 50 ans, destiné à empêcher la propagation des armes nucléaires, visant à pour un éventuel désarmement.
La conférence a eu lieu après un retard de deux ans en raison de la pandémie de Covid-19 et a réuni des représentants de haut niveau des États membres, dont le Premier ministre du Japon, le secrétaire d’État américain et des dizaines de ministres et délégations des Affaires étrangères.
La menace d’une confrontation nucléaire ou d’un accident nucléaire résultant de l’invasion de l’Ukraine par la Russie a été un thème récurrent dans de nombreux discours de la journée.
Notre couverture de la guerre russo-ukrainienne
Le président Vladimir V. Poutine et d’autres Russes ont suggéré à plusieurs reprises qu’une guerre nucléaire pourrait éclater si l’OTAN intervenait dans la guerre en Ukraine. Ses forces ont utilisé le site de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl comme terrain de rassemblement au printemps et ont maintenant transformé une centrale nucléaire, la plus grande d’Europe, dans la ville de Zaporizhzhia, dans le sud de l’Ukraine, en une forteresse de combat.
Dans ses remarques à la session, le secrétaire d’État Antony J. Blinken a déclaré que le traité avait rendu le monde plus sûr mais qu’il était soumis à une pression croissante. M. Blinken a mentionné la Russie, l’Iran et la Corée du Nord comme exemples de préoccupations liées au nucléaire.
M. Blinken a condamné la Russie pour s’être livrée « à des bruits de sabre nucléaires imprudents et dangereux », et a déclaré que la Corée du Nord se préparait à mener sa septième série d’essais nucléaires. Il a déclaré que l’Iran n’avait pas encore accepté de revenir à ses engagements dans le cadre d’un accord nucléaire avec les puissances mondiales et « restait sur la voie de l’escalade nucléaire ».
La Russie et l’Iran font partie des 191 signataires du traité de non-prolifération. L’Iran affirme que son programme nucléaire est à des fins énergétiques pacifiques, une position que l’Occident a remise en question, et qui a incité les efforts à conclure un accord avec l’Iran pour émousser ses ambitions nucléaires.
M. Blinken a également critiqué la Russie pour avoir utilisé la centrale nucléaire de Zaporizhzhia comme base d’attaques contre les forces ukrainiennes, affirmant que les Ukrainiens n’étaient pas en mesure de riposter par crainte de heurter un réacteur nucléaire ou de stocker des déchets radioactifs.
« Cela amène la notion d’avoir un bouclier humain à un niveau entièrement différent et horrible », a déclaré M. Blinken.
La conférence, qui se réunit normalement tous les cinq ans, passera en revue les trois priorités du traité : empêcher la propagation des armes nucléaires, promouvoir et soutenir l’énergie nucléaire pacifique et œuvrer pour le désarmement mondial. Mais peu de résultats concrets sont attendus, étant donné les divisions actuelles entre les puissances mondiales.
M. Poutine, qui a mis ses forces nucléaires en « préparation spéciale au combat » dans les premiers jours de l’invasion en février, a également envoyé un message à la conférence sur la non-prolifération.
« Nous pensons qu’il ne peut y avoir de vainqueur dans une guerre nucléaire, et qu’elle ne doit jamais être menée », a écrit M. Poutine, selon Tass, l’agence de presse russe. « Nous prônons une sécurité égale et indissociable pour tous les membres de la communauté internationale. »