OTTAWA — Suite aux révélations selon lesquelles il a versé des millions de dollars aux victimes d’agressions sexuelles, l’instance dirigeante du hockey au Canada a annoncé jeudi qu’un ancien juge de la Cour suprême mènerait une enquête sur l’organisation.
La nomination du juge, Thomas Cromwell, survient au milieu d’appels croissants à remanier l’organisation, Hockey Canada, et à transformer la culture souvent sexualisée qui entoure un sport qui domine tous les autres au pays.
Les commanditaires de marque ont abandonné Hockey Canada et le gouvernement fédéral a gelé des millions de dollars de son financement après un réseau de télévision sportive rapporté en mai que des documents judiciaires montraient que le groupe avait payé 3,5 millions de dollars canadiens pour régler une poursuite intentée par une femme qui avait accusé des membres de l’équipe mondiale junior d’agression sexuelle en 2018.
Après cela, des responsables de Hockey Canada ont témoigné devant un comité de la Chambre des communes qu’il avait utilisé un fonds spécial pour couvrir 7,6 millions de dollars afin de régler neuf réclamations pour agression et abus sexuels depuis 1989.
D’autres allégations d’agressions sexuelles impliquant l’équipe canadienne des championnats du monde juniors 2003 sont apparues en juillet. Plusieurs Canadiens, dont certains politiciens, blâment le manque de surveillance de Hockey Canada à l’égard des joueurs, qui étaient âgés de 18 à 20 ans au moment des accusations, pour les incidents.
La Championnat du monde juniors 2022qui a été reporté en décembre en raison des perturbations de Covid, débutera mardi dans les villes albertaines d’Edmonton et de Red Deer.
L’enquête de M. Cromwell, qui, selon Hockey Canada, commencera immédiatement, fait partie d’une série qui a été lancée au cours des dernières semaines.
Le mois dernier, Hockey Canada a annoncé qu’elle ferait appel à un examinateur indépendant pour déterminer ce qui s’est passé entre une femme anonyme et des joueurs à London, en Ontario, en 2018. Ces conclusions seront examinées par un panel de juges actuels et retraités qui imposeront des sanctions qui pourrait inclure des suspensions à vie du sport pour les joueurs.
La police de London, une ville au sud-ouest de Toronto, a également rouvert une enquête criminelle sur l’épisode de 2018.
« Ces révélations démontrent une culture profonde et toxique qui permet aux gens d’agir en toute impunité », a déclaré Pascale St-Onge, ministre des Sports du pays. dit à un comité de la Chambre des communes lors d’une audition au cours de laquelle elle s’est interrogée sur l’aptitude de la direction actuelle de l’instance dirigeante. « Nous savons que nous n’avons pas fait assez pour répondre aux actions de certains membres de l’équipe nationale junior 2018 ou pour mettre fin à la culture du comportement toxique dans notre sport. Hockey Canada, tout le pays regarde. »
Mme St.-Onge a ajouté qu’elle n’accepterait pas « juste un exercice de relations publiques » de Hockey Canada et a exhorté l’organisation à revoir également le racisme dans le sport, ainsi que la façon dont elle gère la violence sur la glace et les commotions cérébrales. Il y a plusieurs semaines, elle a ordonné un audit pour déterminer si des fonds publics avaient été utilisés pour des règlements à l’amiable. Le gouvernement fournit environ six pour cent des revenus de Hockey Canada.
Hockey Canada a présenté ses excuses aux Canadiens en une déclaration non signée.
«Nous avons entendu les Canadiens haut et fort et nous nous engageons à apporter les changements nécessaires pour nous permettre d’être l’organisation à laquelle les Canadiens s’attendent», indique le communiqué.
« Nous savons que nous n’avons pas fait assez pour répondre aux actions de certains membres de l’équipe nationale junior 2018 ou pour mettre fin à la culture du comportement toxique dans notre jeu », a-t-il ajouté. « Nous savons que nous devons en faire plus pour lutter contre les comportements, sur et hors de la glace, qui entrent en conflit avec ce que les Canadiens veulent que le hockey soit et qui minent les nombreuses bonnes choses que le jeu apporte à notre pays. »
L’examen de M. Cromwell et de deux avocats ne portera pas sur le comportement des joueurs, des entraîneurs et du personnel, que ce soit sur ou hors de la glace. Au lieu de cela, il examinera des questions comme s’il y a un contrôle suffisant sur la façon dont l’argent est distribué à partir d’un «fonds d’équité national» qui avait été utilisé pour régler des poursuites, et si le conseil d’administration bénévole de Hockey Canada surveille adéquatement les opérations.
L’enquête examinera également les règlements administratifs et la structure de gestion de Hockey Canada et fournira des conclusions et des recommandations provisoires d’ici novembre.